Les 16 principes de la gestion de groupe

Il y a un peu plus d'un mois, je suis devenu champion pour la deuxième fois en 4 ans avec mon équipe de handball. Nous évoluons en niveau départemental et je suis entraîneur bénévole pour ce club depuis maintenant 4 saisons.

Evoluer avec ce statut a son lot de frustrations. Le handball en tant qu’activité de loisir ne passe clairement pas au premier plan d’une bonne partie de la population. Pourtant, en tant que bénévole, si vous voulez avoir du plaisir, vous devez voir vos gars progresser et vous devez gagner. On peut dire tout ce que l’on veut sur la beauté de participer et les valeurs du sport, le seul plaisir réel vient de la victoire. Pourquoi ? Car si vous vous investissez en préparant des séances, en animant des situations d’apprentissage, ce n’est pas pour jouer au G.O, c’est pour que vous n’ayez pas à revenir la tête basse dans le métro avec tous vos joueurs sonnés et muets comme des carpes après une défaite.

Quoi qu’il en soit, ces 4 années m’ont appris énormément sur la gestion d’hommes (entendez-là d'être humains). Je suis quelqu’un qui croit beaucoup en l’apprentissage académique à la base mais ces années m’ont appris que l’empirisme a également une importance capitale car elle permet de valider vos savoirs.

Je vais donc vous énoncer 16 principes pour gérer un groupe qui tend vers un objectif commun. Vous pouvez appeler ça comme vous voulez : de la gestion d’hommes, du management, du leadership. Au final, le but est le même : décrocher la victoire/ atteindre l’objectif.

Pour plus d’aisance, je parlerai de "joueurs", "boys", "gars" pour parler d’hommes mais je pense que certains principes peuvent s’appliquer pour d’autres types de groupes, ils n’ont pas obligatoirement à être sportifs. Il peut s’agir d’un groupe de travail, d’un groupe de théâtre…les objectifs sont multiples et divers.

Attention, vous partez pour un loooong article. J'ai hésité à le découper en plusieurs parties mais j'ai réalisé que l'article faisait sens avec tous les principes mis bout à bout. Bonne lecture !

I. Edicter des règles

Pour créer les comportements que vous souhaitez voir apparaître chez vos joueurs, vous devez instaurer des règles. Tout d’abord, ces règles doivent être simples à faire appliquer.

Ainsi, j’ai une règle sur l’échauffement gardien :

Pour que tout le monde puisse suivre, une séance de handball est constituée d’un échauffement général, un échauffement gardien où l’on va tirer sur ce dernier, des exercices en effectif réduit avant de passer à du jeu en effectif plus important.

Bref, l’échauffement gardien est souvent vital dans une séance car il va déterminer la qualité de l’entraînement. Si les joueurs tirent à côté du but ou à des impacts non désirés, les gardiens vont être frustrés et surtout la suite de l’entraînement risque d’être médiocre car cette tâche est simple. Or, si les joueurs ne sont pas assez concentrés pour remplir cette tâche, ils ne pourront pas accomplir les exercices suivants.

C’est là qu’intervient l'une des règles principales de mon groupe : « si tu tires hors du cadre pendant l’échauffement gardien, tu pompes/sautes/sprintes ». La punition est facile et rapide à faire appliquer. Quand les joueurs ont adhéré au projet, ils le font d’eux-mêmes sans que vous ayez à faire la police.

Ce qui nous ramène au deuxième point : ne faites pas de règles sur des points que vous ne pouvez pas faire appliquer. Dans mon cas, je ne peux pas lutter contre les retards et les absences. Si un de mes gars met la priorité sur son boulot, ses gosses, sa femme, un concert ou un match de foot, je n’y peux rien. Sa vie ne tourne pas autour du handball, c’est normal et encore heureux.

Mais si je commence à essayer de mettre des règles strictes sur les retards, je vais péter un plomb car je devrais noter qui arrive en retard. Combien de fois. Avec combien de retard. Bref, c’est une perte de temps énorme pour quelque chose qui paraît couler de source pour tout encadrant.

Du coup, c’est là où vous devez verser dans le principe de fonctionnement de groupe. Vous n’allez pas appliquer une sanction immédiate sur chaque retard car ça paraîtrait injuste aux yeux de vos joueurs mais vous devez faire en sorte qu’ils soient le plus limités. La morale va alors vous permettre de mettre quelques règles « cachées ».

Ainsi, mes joueurs me préviennent spontanément par sms s’ils sont en retard. Ils savent que je ne vais pas leur répondre car ça serait inutile de leur dire « Ok » mais ils savent qu’ils m’ont respecté ainsi que leur engagement vis-à-vis du club en prenant une minute de leur temps pour me prévenir.

Mettez des règles en place pour les comportements qui posent le plus de problèmes à votre groupe. Faites-en sorte que ces règles puissent être respectées par des punitions facilement applicables. En effet, si vous n’appliquez pas les règles, vous perdrez en crédibilité et un leader doit rester exemplaire.

Ayez recours aux principes moraux pour des comportements plus durs à sanctionner.

II. Justice et justifications

Les règles que nous venons d’évoquer doivent être appliquées avec la plus grande justice à tous. Peu importe que l’incriminé soit votre star, votre pote, le noobie, vous devez tous les féliciter ou les démonter avec la même équité.

Encore une fois, il y va de votre crédibilité. A l’instant où vous commencez à prendre un de vos hommes en grippe ou à privilégier l’un d’entre eux, vous perdrez de l’influence sur votre groupe et le respect de vos gars.

Mais la justice n’est pas toujours facile à faire respecter et c’est pourquoi vous devez justifier vos décisions. Justifier vos plans de jeu permettra à tous de comprendre votre stratégie et de pouvoir accepter de s’y intégrer.

III. Assumez votre rôle de leader

Etre un leader n’est pas facile. Vous devez prendre des décisions, parfois avec une contrainte temporelle et donc vous planter.  Et quand vous vous plantez, c’est tout votre groupe qui peut vous le reprocher.

Mais vous devez l’assumer, et cela passe par plusieurs points :

  • Comment nous venons de le dire, justifiez vos choix auprès de vos gars mais ne les vendez pas. Si vous avez une stratégie, vous l’avez travaillée, si vous l’avez travaillée, c’est qu’elle va marcher. Vous n’avez donc pas besoin de la survendre, il faut juste la présenter pour convaincre vos gars.

  • Soyez à l’écoute de vos boys pour avoir leurs feedbacks. Cela vous permettra de peaufiner votre stratégie. Comme je l’ai dit, vous devez rester ferme avec cette dernière mais elle n’est immuable. Votre plan de jeu est appelé à évoluer et ce sont vos joueurs qui vous permettront cela grâce à leur perception sur le terrain.

  • Prenez des décisions quand il y a une contrainte temporelle. C’est à vous de prendre ce type de décision qui est souvent difficile. Votre groupe attend cela de vous. Et big news, vous allez vous foirer, un paquet de fois même. Mais plus vous vous raterez, plus vous vous améliorerez. N’ayez donc pas peur de prendre des décisions critiques. Peu de choses sont irrattrapables, et pour celles qui ne le sont pas….et bien il fallait prendre une décision quand même.

  • Ne laissez personne vous contester ou paniquer lors des moments de décision sous une contrainte temporelle. Vous êtes le chef à bord à ces moments-là et toute contestation va vous perdre du temps pour faire passer vos messages. Par exemple, j’accepte les remarques pendant les entraînements sur les points stratégiques et techniques. Car la question d’un seul joueur peut faire progresser le groupe. Par contre, pendant un temps mort ou sur des questions arbitrales « non j’ai pas marché là lawl », il faut clairement dire au joueur de fermer sa gueule et d’écouter papa. En effet, ses remarques n’apporteront rien au groupe. Pire, elles vous empêcheront d’exploiter ce temps pour que vous passiez votre message, et un message passe mieux quand il vient d’une seule source.

Présentez votre stratégie à vos hommes. Soyez à leur écoute. Prenez les décisions importantes et ne laissez aucune contestation pendant les moments de contrainte temporelle.

IV. Des objectifs

Ce quatrième point est à la fois l’un des plus connus dans la gestion d’hommes mais l’un des plus durs à appliquer.

Vous avez tous eu à faire avec un manager demeuré qui vous a pointé un objectif du doigt en répétant « gnuuu, tu n’as pas atteint les objectifs gnuuuu ».

Oui. Mais non.

Tout d’abord, les objectifs se déclinent à quatre niveaux qui se déclinent en deux axes

L’axe Qualitatif/Quantitatif :

  • Tout d’abord, les objectifs qualitatifs qui sont souvent un changement comportemental mais qui peuvent être aussi un apprentissage technique difficile à quantifier. Par exemple, j’avais demandé à l’un de mes vétérans qui a pour sale habitude de rapidement s’énerver alors qu’il donne ses meilleurs conseils et a une aura de sérénité quand il reste calme.

  • Puis les objectifs quantitatifs où l’on va fixer des buts chiffrés bêtes et méchants pour orienter un comportement. J’ai eu recours à ces objectifs pour amener mes arrières à tirer de loin car ils étaient trop timorés auparavant.

L’axe Collectif/Individuel

  • Vous allez avoir des objectifs collectifs. Ces objectifs seront l’affaire de tout le monde et représentent la direction que doit prendre l’équipe pour passer des paliers. Puis, vous avez des objectifs individuels qui vont complètement changer d’un joueur à l’autre. Par exemple, les objectifs collectifs de mon équipe étaient d’améliorer notre jeu rapide et notre maîtrise des enclenchements sur attaque placée car notre attaque de l’an passé était réellement à chier. Ce plan a marché vu que l’on est passé de 23 buts par match à 25.

  • Enfin, vous avez les objectifs individuels qui vont être spécifiques à chaque joueur.

Je disais que ce point était dur à appliquer car il représente d’abord une dose assez importante de boulot. En effet, vous devez vous interroger individuellement sur la progression de chacun de vos gars.

Secundo, vous devez avoir la connaissance technique et stratégique pour réussir à cerner les pistes d’apprentissage de chacun de ces mecs.

Vous allez vous retrouver à donner des objectifs qui vous semblent merdiques, qui vont se répéter d’un mec à un autre mais ça n’est pas grave. Rien que le fait d’avoir réfléchi à la question vous permettra de mieux cerner vos problèmes collectifs et individuels. Secundo, le fait d’avoir eu une petite pensée pour chacun de vos hommes va le satisfaire et lui permettre d’adhérer au projet et par la suite, se l’approprier.

Enfin, on finit sur la part la plus dure des objectifs : faire le suivi au cours de l’année. Ça a été l’un de mes échecs cette année. J’avais mis des objectifs en début de saison mais je n’ai pas pris le temps d’y revenir au bout de 4 et 8 mois pour faire le point avec mes joueurs. C’est dommage car ça aurait permis de statuer sur la progression et d’ajuster les objectifs.

Néanmoins, le travail initial a permis de montrer la voie à de nombreux joueurs donc j’en suis assez satisfait.

Etablissez des objectifs qualitatifs et quantitatifs d’un point de vue collectif et individuel. Revenez-y régulièrement pour les ajustez et constater la progression de vos gars.

V. Remettez-vous en question en permanence

Tout d’abord, lisez un max. La remise en question provient par de nouvelles informations qui vont vous questionner sur vos savoirs actuels que vous allez ajuster ou non après réflexion. Ce premier point est simple mais vital si vous souhaitez être un leader.

Secundo, n’attendez pas l’échec pour la remise en question. Beaucoup trop de gens attendent d’être dans la merde pour commencer à réfléchir. C’est une procédure stupide. Certes l’échec n’est pas à redouter mais à embrasser quand il arrive car c’est un moteur puissant pour révéler les lacunes, le travail à faire sera immense si vous attendez la défaite pour commencer à entreprendre.

Pour cela, vous devez adopter un niveau d’exigence en plus d’un niveau de résultat. Certes, il est important de gagner/ de réussir un objectif mais il est beaucoup plus important de respecter le plan et de se comporter comme il était prévu.

Ainsi, avec mes handballeurs, vu que le niveau du championnat est souvent hétérogène, il est fréquent que des victoires aient un goût amer. Certes les 3 points sont au rendez-vous mais le fait d’avoir mal joué n’a pas permis de progresser, car jouer sans respecter le plan de jeu ne permet pas de s’améliorer dans l’exécution de ce plan de jeu.

VI. Célébrez les victoires et félicitez vos hommes

Quand on guide un groupe, il est aisé de vite se transformer en maître d’école qui ne fait que corriger ses élèves. Je pense que notre instinct nous pousse à corriger ce qui va mal et non à encourager quand quelque chose de bien a été effectué.

Or, les feedback positifs ont une importance aussi capitale que les feedbacks correcteurs dans la construction de comportements. Si vous voulez être sûr que quelqu’un recommence quelque chose qu’il vient d’effectuer selon vos plans, vous devez le féliciter à ce moment-là.

Pour cela, fêtez vos victoires. Rassemblez vos boys et ayez un mot pour chacun d’entre eux, que ça soit une vanne, un encouragement ou des félicitations en bonne et due forme. Quand ils ont réussi, ils doivent savoir qu’ils ont bien agi et comment ils ont bien agi.

Au jour le jour, ayez toujours un ratio équilibré entre feedbacks correctifs et positifs. C’est quelque chose de MEGA dur à mettre en place. Je pense que nous sommes tellement enclins, dès l’école, à mettre le doigt sur ce qui ne va pas, que nous avons extrêmement de mal à dire quelques simples mots d’encouragement alors que c’est le plus facile à faire.

En effet il est plus simple de dire « Bravo, tu as fait ça et ça, c’est bien, continue comme ça » plutôt que de dire « Là, tu as fait ça, la prochaine fois, je souhaite que tu fasses ceci. Pour cela, tu devras faire comme cela ». Dans le premier cas, le joueur a trouvé la voie et doit juste être poussé dans le dos pour continuer. Dans le second cas, vous devez remettre le joueur dans le bon chemin. Pour cela, vous devez analyser pourquoi il y est, comment l’en sortir et lui expliquer comment faire. Beaucoup plus de réflexion !

Fêtez vos victoires avec des petits évènements qui vous permettent de sortir du cadre de travail/d’entraînement. Equilibrez votre ratio de feedback pour que les positifs soient au moins égaux aux feedbacks constructeurs.

VII. Soyez convaincu de votre importance

Ce point va paraître assez froid pour pas mal d’entre vous mais il est très important. Vous devez avoir la conviction profonde que le projet ou le plan de jeu que vous portez et que vous souhaitez accomplir avec l’aide de votre groupe est une chose très, très importante.

Vous ne pouvez pas vous permettre de penser que son importance est moindre car à l’instant où vous aurez cette pensée, vos boys ne vous suivront plus avec une intensité nécessaire.

En accord avec cette croyance, vous devez vous entourer de personnes qui vont vous permettre de porter ce projet avec votre intensité. Toute personne que vous accepterez pour de mauvaises raisons ne fera que ralentir le plaisir et l’efficacité du groupe.

En étant rigoureux et exigeant sur votre recrutement, vous aurez des personnes de qualité dans votre groupe qui vous permettront de compléter plus facilement vos objectifs.

VIII. De la gestion de vos détracteurs

Vous allez rencontrer des opposants dans votre groupe. Des gens qui vont aller à l’encontre de vos principes de jeu ou tenter de résister à votre autorité. Il faut rapidement prendre une action car vous ne pouvez pas vous permettre laisser ce genre d’opposition germer dans votre groupe.

Ça paraît super tyrannique dit comme ça mais c’est simplement pour préserver votre groupe. En effet, tout d’abord, un détracteur ne va probablement pas respecter une règle que vous avez édictée et va donc instaurer un mauvais exemple. Mauvais exemple qui peut induire des comportements non voulus chez vos autres membres. Bref, une mauvaise pomme dans votre panier.

La première action à entreprendre avec un détracteur est de lui parler. Il faut lui expliquer que les règles s’appliquent à tous et qu’il n’y a pas de statut d’exception.

Malheureusement, vous n’aurez pas beaucoup de marge de manœuvre ici. Soit, il se plie aux règles et à votre fonctionnement, soit il dégage.

Dans le premier cas, il sera très important de le traiter comme un autre malgré une rancœur ou un mauvais apriori. J’ai eu la chance de passer par là avec un joueur avec qui ça s’était très mal passé pendant les deux premiers mois.

Nous avons eu alors une explication assez véhémente. Suite à cela, il est rentré dans le rang et est devenu l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. Comme quoi, certaines personnes savent se remettre en question.

Dans le cas où vous devez dégager un détracteur, ne le faites pas en secret. Faites-le calmement et expliquez au groupe pourquoi vous l’avez fait. Si les membres du groupe ont accepté et souscrit à vos règles, ils comprendront et approuveront votre choix.

IX. Du statut d’exception

Il s’agit ici de la fameuse marge de manœuvre que vous ne pouviez pas avoir avec un détracteur. Si vous réussissez à diriger votre groupe, celui-ci va durer dans le temps. Vos boys vont évoluer et de nouvelles contraintes vont s’imposer dans leurs vies.

Votre rôle en tant que leader va être de les aider à articuler ces dites-contraintes pour qu’ils puissent continuer à être efficace au sein de votre groupe. En tant que vétérans s’étant investis dans votre groupe, vous pouvez vous permettre de « violer » vos règles pour leur donner des statuts d’exception. Vous savez qu’ils connaissent votre principe de fonctionnement et qu’ils les respecteront…avec quelques modifications.

Mais le jeu en vaut la chandelle. L’expérience, la compétence et la stabilité qu’ils apportent à votre groupe sont vitales et vous voulez les garder pour cette raison. De plus, votre groupe ne trouvera pas le principe injuste car ces vétérans seront reconnus et leurs statuts d’exception paraîtront alors logiques aux yeux de tous.

X. Distribuez des rôles

Le fonctionnement de votre groupe fonctionnera par rapport aux rôles de vos boys. Chacun de vos gars doit savoir quel est son apport à l’équipe et comment il peut contribuer à l’effort commun.

Pour cela, il faut analyser les forces et les faiblesses de chaque membre pour lui proposer une fonction en adéquation avec ces caractéristiques.

Ainsi, il est fréquent que de nouveaux joueurs qui arrivent au club se voient reclasser à un poste différent par rapport à celui qu’ils m’avaient annoncé : la place souhaitée était prise ou ils n’étaient pas assez compétents.

Une fois les rôles distribués, il faut définir les tâches de chacun en expliquant comment les accomplir. C’est alors que vient le boulot le plus dur pour le gestionnaire : il faut laisser des pistes de progression à chacun pour ne pas enfermer vos joueurs dans un rôle. Vos gars doivent se sentir évoluer pour ressentir du plaisir et vous ne pouvez pas les laisser moisir dans les mêmes fonctions. Il faut les stimuler en permanence et cela passe par l’apprentissage de nouvelles choses.XI. De l’apprentissage

Une fois que vous avez recruté les personnages en adéquation avec plan, vous avez fait une grosse partie du travail. Vous allez désormais devoir leur apprendre les compétences nécessaires à l’accomplissement de ce plan.

Et pour cela, vous allez devoir ré-pé-ter. Si vous avez fait votre job correctement en recrutant des personnes qui vous correspondent, vous n’avez plus qu’à répéter encore et encore jusqu’à ce que vos savoirs et savoir-faire rentrent dans la tête de vos boyz.

Soyez patient, restez calme et laissez-leur le temps d’apprendre en répétant 1 fois, 5 fois, 10 fois, 20 fois si nécessaire. Revoyez vos situations d’apprentissage si vous êtes dans une impasse mais continuez à appuyer là où il faut pour que le message puisse rentrer grâce au martèlement de vos savoirs.

Dans cette optique, vous allez néanmoins être un mec intelligent. Vous allez expliquer comment ils doivent faire en donnant des critères de réalisation de la tâche qui vont leur permettre d’exécuter les actions adéquates et les critères de réussite qui permettront à vos gars de savoir quand ils auront réussi.

Sans cela, vous n’êtes qu’une grosse tanche juste bon à dire :

« Marque un but »

« Joue mieux »

« Travaille plus intelligemment »

« Sois plus dynamique ».

XII. Des variables externes et internes

Je pense que c’est l’un de mes points préférés dans le fonctionnement d’un groupe car c’est l’un des plus incompris.

Pour ceux qui ne le savent pas, chaque performance est guidée par des variables internes et externes. Les internes sont celles que vous pouvez contrôler tandis que les externes sont celles sur lesquelles vous n’avez aucun impact.

Il est très important que vous sachiez rapidement déceler les variables et que vous les enseigniez à vos joueurs.

Concernant les variables internes, vous devez insister à mort sur celles que vous pouvez contrôler avec facilité et qui ont un impact important. Comme dans un jeu vidéo, vous n’allez pas tuer le boss avec une cuillère, vous prenez le gros bazooka. Dans votre projet c’est pareil, vous devez toujours avoir recours à ce qui marche le plus avec le moins d’effort possible. La morale est la seule exception qui peut venir modifier cette règle.

Mais ce principe concerne essentiellement les variables externes. Vous devez vous adapter aux variables externes et non espérer qu’elles vont changer pour vous. C’est leur essence-même. Elles iront peut-être dans votre sens, peut-être pas. Vous ne devez pas compter sur elles. Ça ne veut pas dire que vous ne devez pas les inclure dans votre plan, bien au contraire. Vous devez prendre en compte leur part de hasard.

Cela signifie que vous devez accepter de possibles injustices et vous devez préparer vos joueurs à ce qu’ils les acceptent également.

Au handball, cela passe par l’arbitrage. Tout joueur de sport collectif est un pro des règles de son sport quand il joue mais se dégonfle toujours quand il doit un jour se retrouver à arbitrer.

Bref, au cours des matchs, les arbitrages diffèrent car chaque arbitre a sa vision du handball. Ce n’est pas grave et nous n’y pouvons rien. Sauf que beaucoup, beaucoup, beaucoup de joueurs ne comprennent pas ça. Il faut alors beaucoup de répétitions pour qu’ils comprennent qu’ils n’y peuvent rien et qu’ils doivent consacrer leur concentration et leur énergie sur les autres variables de jeu : leur défense, leur attaque…et qu’ils seront bien plus efficaces comme ça.

De manière générale, dans 99% des situations, à partir du moment où vous attribuez l’échec à une variable externe, c’est que vous avez failli à analyser et améliorer vos variables internes.

Concentrez-vous sur les points de performance sur lesquels vous avez un impact. Adaptez-vous aux points sur lesquels vous n’avez pas d’emprise. Et enseignez ceci d’urgence à vos boyz.

XIII. Next game

C’est un principe que j’ai appris dans le bouquin « Toughness » de Jay Billas. Ce principe explique que lorsque vous êtes au cœur de l’action, vous devez vous concentrer sur le moment présent et sur votre prochaine action.

Ressasser et ruminer une action qui vient de se passer n’a aucun intérêt sur le moment. Elle ne fera que vous mettre dans une spirale négative qui amoindrira vos performances. Il faut rapidement apprendre à vos gars qu’à chaque instant de leur performance, ils doivent se concentrer le prochain geste et sur comment bien le faire. Arrivé à ce stade, vous avez formé vos joueurs et ils savent comment jouer. Il faut alors juste leur rappeler de s’évoquer les critères de réalisation et des fois où ils ont réussi. Le succès reviendra inévitablement tôt ou tard.

Les actions passées ne servent que pour tirer des leçons de ses erreurs. Dans l’action, ne pensez qu’au « Next game ».

XIV. L'exemplarité

En tant que leader, vous n’échapperez pas à l’exemplarité. Même si pas mal d’hommes politiques n’ont pas très bien compris cet aspect, vous devez être le premier à respecter vos règles et vos principes moraux si vous voulez que votre groupe fonctionne. Cela sert à lancer la machine pour que vos boys n’aient qu’à vous suivre.

L’exemplarité passe également par la cohérence. Vous ne pouvez pas changer les règles du jour au lendemain pour le plaisir d’un de vos potes ou le vôtre.

Néanmoins, avec le temps, quand votre groupe deviendra autonome, vous pourrez vous passer de l’exemplarité sur des tâches qui ne le nécessitent pas.

Par exemple, dans le cas du handball, les joueurs ont besoin d’une heure pour s’échauffer correctement avant le match. J’ai besoin d’un quart d’heure en tant que coach pour vérifier que tout le monde est là et remplir la feuille de match en prenant bieeeenmon temps. Plus mon groupe est expérimenté, plus je suis inutile pendant la session d’avant-match.

C’est pourquoi au fur et à mesure de l’année, je me suis permis à quelques reprises d’arriver seulement 45 minutes avant. Et mes gars le comprenaient car ils savaient que eux avaient besoin d’1 heure pour être efficaces et que je n’avais pas besoin d’être là pour les chaperonner car ils étaient responsables et s’étaient appropriés la règle.

XV. Déléguez et créez de l’autonomie

En tant que leader, votre but ultime est qu’un jour, en arrivant au match, au travail ou dans tout autre activité, vous n’ayez qu’à poser votre cul sur une chaise, donner deux-trois consignes et regarder votre groupe vivre selon vos principes.

En gros, quand vous vous engagez dans la gestion d’un groupe, vous devez travailler pour devenir inutile.

Pour cela, vous devez former des leaders dans le groupe qui seront vos sergents. Ils seront votre voix sur le terrain dans les moments où vous ne pouvez intervenir. Ces sergents doivent être sélectionnés par rapport à leur capacité à comprendre rapidement vos consignes, à les appliquer sur le terrain avec brio et à pouvoir les expliquer aux autres.

Cette simple compétence suffira à ce qu’ils soient respectés par leur pairs.

Une fois formés, vous devez céder de l’autorité à vos leaders. Vous devez accepter que le chef de la défense prenne l’initiative de faire une individuelle sur un adversaire. Vous devez accepter que votre demi-centre engueule l’arrière qui n’a pas suivi l’enclenchement pour la troisième fois de suite.

Ces prises d’initiatives et ces décisions vont former les joueurs plus efficacement que vos situations d’apprentissage. Car ils sont désormais prêts à prendre ces risques et ce sont ces risques qui vont les faire grandir.

Enfin, pour que votre but ultime fonctionne, vous devez faire en sorte que vos gars s’approprient votre plan de jeu et vos règles. Ils ne doivent plus être des contraintes mais des principes logiques de fonctionnement qu’ils respectent et s’approprient.

Quand vous dirigez un groupe, vous n’êtes finalement qu’un gestionnaire qui arrive avec une proposition, et vos gars acceptent de vous donner l’autorité car cette proposition semble séduisante. Mais plus le temps va passer, plus votre autorité sera inutile car cette proposition sera la leur.

XVI. Acceptez les avis de vos joueurs

Au début de cet article, j’ai dit que vous deviez être la seule voix et la seule autorité. C’est vrai au début. C’est faux quand votre groupe arrive à maturité.

Plus vous allez former vos joueurs à vos principes, plus ces derniers vont s’approprier les clefs du jeu et développer leurs propres réflexions. Il est alors vital que vous les invitiez à partager leurs avis et qu’ils ne soient jamais effrayés de le faire.

Certes, vous allez parfois vous retrouver comme un con car vos gars auront sorti quelque chose de brillant ou bien que vous vous étiez planté en beauté mais c’est sans importance.

Car au final, la vérité est plus importante d’avoir raison. D’autant plus qu’elle permettra à vous et à votre groupe de progresser.

Boum.

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